Article issu de l'Est Républicain, publié le 28/02/2019 | |
À l’occasion du Salon de l’agriculture à Paris, nous mettons en lumière cinq sportifs lorrains agriculteurs qui concilient avec bonheur leur passion. |
Il n’en est plus à ses années de cadet. Le sommet de sa carrière sportive. En janvier et février 2009, Julien Grosse a en effet été retenu dans la délégation française pour deux circuits européens se déroulant en Allemagne, à Friedrichshafen puis à Osnabrück. Même s’il n’a pas ensuite participé au championnat d’Europe de Bourges, l’épéiste faisait alors partie du top 10 hexagonal de sa classe d’âge. Ce qui vous classe d’emblée un tireur.
Mais le haut niveau, le Mussipontain ne l’a jamais vraiment envisagé comme un avenir. Non, lui, son truc, c’était plutôt les études. Et des études en rapport avec la terre et le métier de son grand-père Michel et de son père Hervé, tous deux éleveurs d’ovins.
De 2010 à 2015, il a donc intégré l’école Purpan à Toulouse. Une institution où il est devenu ingénieur en agriculture. Et cela tout en continuant la compétition. Mais sans s’imposer d’objectifs particuliers : « Quand j’étais étudiant, j’allais à l’entraînement une fois par semaine au club de Toulouse et j’ai toujours essayé d’aller aux championnats comme aux circuits. »
Une fois diplômé, le gaillard a logiquement voulu entrer dans la vie active. Du coup, il s’est installé à son compte en janvier 2016 à Manonville, pas très loin de l’exploitation paternelle de Mamey. Et quand il s’est spécialisé, le Meurthe-et-Mosellan n’a pas cherché bien longtemps : « Je fais dans l’ovin viande. J’ai 350 brebis. Mais je ne l’aurais pas fait si mon père et mon grand-père n’avaient pas déjà été dans la partie et si je ne connaissais pas déjà, parce que ce sont des animaux assez fragiles. »
Toujours OK pour l’équipe
Une donnée parmi d’autres : « Je ne fais pas dans le lait, parce que, en dehors de zones particulières comme la zone Roquefort, c’est un peu compliqué. Donc il faut les nourrir le matin vers 8 h voire à 7 h en période d’agnelage. Mais ensuite, sans la traite, ça fait moins d’astreinte. Après, pour la laine, on les tond une fois par an pour leur confort. Mais ça nous coûte plus d’argent qu’autre chose, parce qu’en France, il n’y a pas de filière laine. »
Une nouvelle vie qui ne l’a pas spécialement éloigné des pistes : « Même installé, j’ai continué la compétition. J’allais en circuit tant que ça ne fait pas plus de 4 h de route. Ça fait aller jusqu’à Paris et Lyon. Après, ça commence à faire un peu loin. Et si je partais le week-end, je m’arrangeais avec mon père. Comme il est à 10 km, c’est lui qui prenait la relève pour nourrir les bêtes. »
Un imparfait de rigueur, car à 26 ans, Julien Grosse a un peu levé le pied dernièrement : « J’ai simplement dû aller dix fois à l’entraînement cette année. En fait, je me suis investi dans le Syndicat des jeunes agriculteurs. J’ai décidé d’y consacrer du temps et le souci, c’est qu’il y a une réunion par semaine et que c’est les jeudis soir, le jour de l’entraînement ! »
Un problème d’emploi du temps qui ne devrait pourtant pas l’empêcher de prendre part aux joutes par équipes sous les couleurs du Cercle d’escrime de Pont-à-Mousson présidé par son père, au côté de Grégory Goetz, Alexandre Janin et Yann Lallement. Comme l’éleveur à l’épée qu’il est désormais.